Notre histoire et notre mort

Nous pensons souvent à la mort comme à la cessation d'existence, à la fin de toute sensation, de tout sentiment. Or, dans la pensée biblique, la mort n'est pas une fin mais plutôt une coupure, une séparation. Mourir ressemble au départ pour un grand continent situé de l'autre côté d'un vaste océan. C'est le départ vers un pays nouveau, vers une ville nouvelle. Ainsi, Dieu avait donné au patriarche Abraham une vision de la réalité qui se cache derrière la mort, celle d' une cité qui a de solides fondements et dont Dieu est l'architecte et le constructeur. (1) Cette cité est celle du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, les myriades qui forment le chœur des anges, l'assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux. (2) La mort semble nous enlever certaines choses vitales telles que la respiration, la capacité de mouvoir nos corps, de manger ou boire, de serrer dans nos bras nos bien aimés. En réalité, la mort nous procure une respiration plus vraie, un corps plus magnifique, une nourriture plus substantielle et la capacité d'embrasser avec plus d'intensité celles et ceux que nous chérissons.

La résurrection de nos corps lors de la manifestation du Christ sur terre à son retour sera la manifestation visible d'une réalité que nous connaîtrons dès l'instant de notre mort. Cette réalité est la cité céleste entrevue par Abraham, que Paul appelle notre domicile céleste et qui correspond au corps glorieux de la résurrection. (3) L'apôtre ajoute que nous avons été formés pour cela. Cela signifie que dès notre conception Dieu avait prévu pour nous la gloire céleste et la résurrection. Nous revêtons le corps de la résurrection dès l'instant de notre mort. Et c'est ce corps de la résurrection qui sera manifesté (rendu visible) au jour de la venue du Christ. Notre histoire s'inscrit dans cette perspective d'une cité céleste, d'un domicile céleste, auxquels nous sommes destinés dès notre conception dans le ventre de notre mère. Notre histoire n'est pas circonscrite uniquement à notre naissance et notre existence dans le monde visible, mais se trouve englobée dans la réalité invisible ; ainsi, nous regardons non point aux choses visibles, mais a celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères et les invisibles sont éternelles. (4)

L'épreuve de la mort fait partie de ces légères affections du moment qui produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire. (5) Puisque notre histoire est glorieuse et que la mort nous introduit plus avant dans cette dimension glorieuse, nous sommes toujours pleins de confiance. (6) L'apôtre ajoute qu'en demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur et nous préférons quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur. (7) Ainsi, Paul confirme que dans la pensée hébraïque la mort n'est pas une fin mais un départ. Cela peut sembler trop platonique, mais ne l'est pas si l'on se souvient que le corps mortel deviendra un avec le corps glorieux lors de la résurrection. Dieu ne dédaigne pas même un seul de nos cheveux. Notre corps fait partie de la création déclarée très bonne dès l'origine (8) et que Dieu désire racheter dans sa totalité. (9)

L'assurance que la mort nous introduit dans la gloire céleste se fonde sur le Christ ressuscité et qui vit dans cette gloire. Mourir, c'est s'en aller pour être avec le Christ. (10) Dès cette vie Dieu nous donne les arrhes de l'Esprit qui constituent une partie de la gloire céleste. (11) Ainsi, la transformation de notre cœur, de notre comportement, de notre langage par l'Esprit de Dieu constitue un avant-goût, une démonstration tangible de la gloire céleste. Cette présence de l'Esprit dans notre vie permet l'accomplissement, dans nos vies, de la volonté divine sur cette terre comme elle l'est dans les cieux (Matthieu 6.10). Nous vivons désormais non pour nous-mêmes, mais pour le Christ ressuscité pour nous. (12) Nous sommes tous des condamnés à mort. Mais nous avons tous la possibilité de choisir la vie. La promesse de Jésus est que celui qui croit en moi vivra, même s'il meurt ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. (13) C'est par la confiance au Christ mort et ressuscité que nous accédons à cette vie qui abolit la puissance de la mort au point que Jesus peut dire : il ne mourra jamais.

Lorsque vient notre dernier souffle et que nos yeux se ferment, la promesse du Christ s'accomplit. En mourant nous entrons à l'instant même dans notre domicile céleste. Nous revêtons à l'instant même le corps de gloire qui nous est destiné. Nous sommes à l'instant même en conversation avec Jésus. Nous sommes à l'instant même assis au banquet du royaume de Dieu avec Abraham, Sarah, Moïse, Jean, Marie et tout le peuple de Dieu. © 2007

Yann Opsitch

NOTES : (1) Hébreux 11.10 (2) Hé breux 12.22,23 (3) 2 Corinthiens 5.2 (4) 2 Corinthiens 4.18 (5) 2 Corinthiens 4.17 (6) 2 Corinthiens 5.6 (7) 2 Corinthiens 5.6-8 (8) Genèse 1.31 (9) Romains 8.18-25 (10) Philippiens 1.23 (11) 2 Corinthiens 5.5 (12) 2 Corinthiens 5.15 (13) Jean 11.25-26